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Harcèlement à l école, comment réagir?

Harcèlement à l école, comment réagir?

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Le harcèlement à l’école est un phénomène complexe qui est difficile à appréhender. Il ne faut pas le banaliser. Au contraire, il faut lui accorder une attention particulière compte tenu des conséquences importantes qu’il a sur ses protagonistes.

  • La victime présente un vécu très négatif de l’école. Elle se sent isolée (sentiment d’abandon) et peut avoir un sentiment de responsabilité («c’est de ma faute»). Elle manifeste des signes de détresse psychologique, de dépression et d’anxiété. Elle sera plus sujette à l’absentéisme scolaire. Dans les cas de très grande détresse, elle peut être amenée à faire une tentative de suicide.
  • Les auteurs, il est intéressant de savoir qu’eux-mêmes présentent également un vécu scolaire négatif. Le plus souvent, on note chez eux une difficulté à gérer leur agressivité, un déficit d’empathie et un sentiment d’impunité. Ils sont plus susceptibles d’évoluer vers d’autres conduites à risque (échec scolaire, délinquance, etc.). Ils doivent aussi être considérés comme en souffrance.
  • Les témoins ressentent le plus souvent un sentiment de culpabilité et vivent un sentiment d’insécurité et de stress à l’école. Ils ont aussi une perception négative du climat scolaire (où semblent régner la Loi du plus fort, la Loi du silence, …).

L’école a un rôle de prévention important dans ce cadre et son organisation générale va avoir un impact sur le climat scolaire. Le cadre des règles du vivre ensemble et des sanctions éventuelles est clair-il et connu par les élèves? Comment l’école gère-t-elle les conflits? Tout ceci va contribuer, ou non, à favoriser un climat scolaire bienveillant et à l’écoute des élèves. Par ailleurs, l’école doit se donner les moyens d’identifier les comportements de harcèlement en étant attentive aux changements de comportements des élèves (isolement relationnel, chute des résultats scolaires, hausse de l’absentéisme, signes d’anxiété ou de dépression) et d’ensuite prendre en charge la situation.

Outre la prévention, CODE (Coordination des ONG pour le droit de l’enfant) pense que la voie de la médiation et de la réparation sont à mettre en œuvre. Lorsqu’on est confronté à un cas de harcèlement, que l’on en a connaissance ou que l’on en suspecte l’existence, il est indispensable de ne pas rester seul et d’aller chercher du soutien auprès de son entourage (famille, amis) ou de l’école (directions, professeurs, éducateurs) ou d’autres services susceptibles d’apporter une aide (AMO par exemple).
Des services existent à cet effet. Citons:
Les équipes mobiles instituées en Fédération Wallonie Bruxelles ont pour mission de lutter contre le décrochage scolaire, l’exclusion et la violence à l’école et interviennent à la demande du chef d’établissement ou du pouvoir organisateur de l’école.

  • Les services de médiation scolaire ont pour mission la prévention de la violence et le décrochage scolaire dans l’enseignement secondaire et peuvent également intervenir à la demande du jeune, des parents, d’un professeur et de la direction ou d’un service extérieur. Cependant, ce processus implique le consentement des deux parties.
  • Les centres PMS, présents dans toutes les écoles, ont aussi un rôle à jouer et peuvent intervenir à la demande du jeune, des parents, d’un professeur et de la direction.
  • La ligne verte «Assistance écoles», 0800/20 410, est à la disposition de tous les membres du personnel de l’enseignement organisé et subventionné de la FWB.
  • La ligne verte «Ecoles et parents», 0800/95 580, peut informer les parents d’élèves témoins ou victimes de violences scolaires.

La voie répressive est aussi possible sur diverses bases:

  • La responsabilité civile personnelle du mineur disposant du discernement suffisant ou de ses parents, ou de l’enseignant qui n’aurait rien fait pour empêcher les faits de harcèlement dans sa classe peut être engagée, conformément aux articles 1382-1384 du Code civil.
  • Une exclusion scolaire de l’auteur du harcèlement moral peut être également décidée par l’école sur base des articles 81 et 89 du décret «Missions».
  • Une plainte peut également être introduite sur base du Décret anti-discrimination si le harcèlement est de nature discriminatoire. Seuls divers critères de discriminations protégés par la loi peuvent justifier une plainte sur cette base.
  • Enfin, l’intervention du juge de la jeunesse peut être envisagée si l’auteur est mineur (conformément à la Loi sur la protection de la jeunesse) permettant des mesures tels que la réprimande, la surveillance par un service social, la prestation éducative et d’intérêt général, la médiation restauratrice pénale, le placement en centre fermé, ou une plainte au pénal si l’auteur du harcèlement est majeur (article 442 bis du Code pénal). En effet, le harcèlement constitue une infraction pénale, passible d’une peine d’emprisonnement et/ou d’une amende. La motivation discriminatoire du harcèlement est alors une circonstance aggravante.

Toutefois, nous pensons que la voie répressive doit être activée en dernier ressort.
Notamment, l’exclusion définitive d’un enfant de l’école risque de de déplacer le problème, sans en avoir traité les causes avec chaque intervenant. Divers experts s’accordent à dire que travailler le harcèlement avec l’ensemble du groupe est plus porteur pour tous à long terme. Ils rappellent aussi qu’il est important de réagir le plus vite possible lorsqu’on est confrontés à des faits de harcèlement. En effet, il est beaucoup compliqué de travailler sur des pratiques installées depuis longtemps.
Créer un climat de restauration en prenant en compte l’ensemble du groupe et le rôle de chacun de ses acteurs est essentiel dans la prise en charge du harcèlement. L’idée est notamment de «casser» les étiquettes de chacun. Et les pairs peuvent avoir un rôle très important comme nous l’avons dit plus haut: ils peuvent devenir acteurs.

Une nécessaire attention du politique, assortie de moyens
Les professionnels de l’enseignement témoignent être insuffisamment outillés et formés pour répondre adéquatement aux situations de harcèlement auxquelles ils sont confrontés et le phénomène du harcèlement ne fait pas l’objet d’une attention politique suffisante, ce qui a notamment des conséquences en matière de coordination de la mise à disposition de l’information. Il nous semble dès lors important de rappeler la nécessité développer au sein de la FWB une politique d’ensemble du «bien vivre ensemble» à l’école et de lutte contre le harcèlement en affectant des moyens à de larges campagnes de sensibilisation, à la formation de base et continue des professionnels de l’école (directeurs, professeurs, auxiliaires de l’éducation), etc.
A titre d’exemple, nos voisins français ont depuis 2013 lancé une large campagne d’information et de sensibilisation sur le phénomène du harcèlement (un site internet propose des ressources très utiles, voir ci-dessous).
Ils proposent le plan d’actions suivant :

  • un climat scolaire bienveillant,
  • la mise en place de règles claires et connues des élèves (ce qui est permis on non, quelles sont les limites de ma liberté?),
  • la participation et l’implication des parents, l’existence de lieux de parole pour échanger au sein des établissements scolaires, la mise en place de pratiques collaboratives régulières entre enfants et d’un travail sur l’empathie dès le plus jeune âge,
  • une inscription de ces pratiques dans la durée.

En conclusion
Le harcèlement à l’école touche de trop nombreux enfants en Fédération Wallonie-Bruxelles et a des conséquences psychologiques, sociales et scolaires importantes.
Le harcèlement ne doit pas être banalisé. Il appelle un signal clair de l’école et une prise en charge de tous les acteurs dans un environnement bienveillant et sécurisé. En ce sens, l’investissement de chaque école dans des actions de prévention mais également sa capacité de réaction quand une situation de harcèlement en son sein est avérée afin de restaurer un climat scolaire positif, sont des éléments primordiaux pour lutter contre le harcèlement.
Enfin, le harcèlement doit faire l’objet d’une plus grande attention du politique: généralisation des lieux de participation dans les écoles, large sensibilisation sur le phénomène et son impact sur les enfants, formations de tous les professionnels, etc.

Quelques outils et ressources :

  • Centre local de Promotion de la santé du Brabant wallon (CLPSBW), «Quelques pistes pour améliorer le climat scolaire et prévenir le harcèlement à l’école», janvier 2014. https://www.clps-bw.be/
  • Direction générale de l’Enseignement obligatoire, « Guide pratique relatif à la prévention et à la gestion des violences en milieu scolaire », FWB, 2013. www.enseignement.be/assistanceecoles
  • Groupe interdisciplinaire de recherche sur la socialisation, l’éducation et la formation (GIRSEF-UCL), https://uclouvain.be/fr/chercher/girsef
  • Site français du Ministère de l’éducation nationale proposant des outils de compréhension (paroles d’experts) et d’action (guide pratique à mettre en œuvre), de sensibilisation pour diverses tranches d’âge (vidéos, etc.): https://www.agircontreleharcelementalecole.gouv.fr/
  • Université de paix, «Harcèlement: comprendre, identifier, agir », décembre 2013 https://www.universitedepaix.org/

Source CODE

Liens utiles :
Pour les parents

  • Le numéro vert « École et Parents » : 0800/95 580. Le numéro vert « École et Parents » pour les parents d’élèves qui sont témoins ou victimes de violence scolaire. Ce numéro d’appel est gratuit depuis la Belgique et accessible du lundi au vendredi de 9h à 13h.
  • Les Centres psycho-médico-sociaux (PMS) (voir l’annuaire des centres) : un lieu d’accueil, d’écoute et de dialogue où le jeune et/ou sa famille peuvent aborder les questions qui les préoccupent en matière de scolarité, d’éducation, de vie familiale et sociale, de santé, d’orientation scolaire et professionnelle, ….
  • Le service de la médiation scolaire : ces services ont pour mission de s’occuper des problèmes relationnels entre des élèves, entre des parents d’élèves et les membres du personnel, entre les membres du personnel et des élèves ou groupe classe. Tél: 02.690.83.69.
  • Les services d’aide à la jeunesse : les SAJ ont pour mission d’apporter une aide spécialisée aux jeunes en difficulté, aux personnes qui éprouvent des difficultés à remplir leur rôle de parents ainsi qu’aux enfants en danger, c’est à dire dont la santé ou la sécurité sont en danger ou dont les conditions d’éducation sont compromises.
  • La plateforme « Harcèlement à l’école » recense des ressources et des informations utiles pour les parents.
  • Prévention et gestion des violences en milieu scolaire – Guide pratique – 2e édition

Pour les enfants

  • www.103ecoute.be ou le numéro de téléphone 103 pour les enfants et ados victimes d’harcèlement. Ils peuvent contacter ce numéro en tout anonymat.
  • www.lecef.org. Les élèves du CEF se mobilisent contre le harcèlement à l’école. Ils ont tourné des vidéos comme outil de sensibilisation. Tu peux également les appeler au 02/414 15 11 ou envoyer un e-mail à cef.asbl@lecef.org
  • Harcèlement à l’école – dépliant à destination des élèves (pdf téléchargeable).
  • Le dépliant « Harcèlement à l’école – dépliant élèves : « À qui en parler » (2015) » est disponible gratuitement en téléchargement en cliquant ici (c’est un fichier .pdf). Tu es victime, témoin, auteur de harcèlement à l’école et tu ne sais pas à qui t’adresser pour demander de l’aide ? Ce dépliant est là pour toi.
  • www.stoplaviolence.net propose une solution ludique et innovante pour sensibiliser les jeunes à ce sujet tabou tout en leur donnant des clés pour agir.
  • www.gnoothi.com. Gnoothi est une application destinée à la tranche d’âge des 13-18 ans et qui a pour but de leur permettre de mieux se connaître mais surtout d’évaluer de manière positive celles et ceux avec qui ils sont en contact grâce aux petites étiquettes qui leur sont proposées.
  • Les Centres psycho-médico-sociaux (PMS) (voir l’annuaire des centres) : un lieu d’accueil, d’écoute et de dialogue où le jeune et/ou sa famille peuvent aborder les questions qui les préoccupent en matière de scolarité, d’éducation, de vie familiale et sociale, de santé, d’orientation scolaire et professionnelle, ….
  • Le service de la médiation scolaire : ces services ont pour mission de s’occuper des problèmes relationnels entre des élèves, entre des parents d’élèves et les membres du personnel, entre les membres du personnel et des élèves ou groupe classe. Tél: 02.690.83.69.
  • Les services d’aide à la jeunesse : les SAJ ont pour mission d’apporter une aide spécialisée aux jeunes en difficulté, aux personnes qui éprouvent des difficultés à remplir leur rôle de parents ainsi qu’aux enfants en danger, c’est à dire dont la santé ou la sécurité sont en danger ou dont les conditions d’éducation sont compromises.

Pour les membres du personnel de l’enseignement


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